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Mon séjour de recherche hors Québec : cap sur les provinces de l'Atlantique et la bibliométrie

Marc-André Simard, candidat au doctorat en science de l’information à l’Université de Montréal a effectué en 2023-2024 un séjour de recherche à l’Université Dalhousie, à Halifax, en Nouvelle-Écosse. Il partage avec nous quelques détails de son séjour, que la bourse de mobilité hors Québec du CIRST a aidé à rendre possible.

Marc-André Simard, merci d’accepter de répondre à nos questions ! Commençons par un retour en arrière : dans le cadre de quel projet ton séjour de recherche s’inscrivait il au moment de présenter ta candidature à la bourse offerte par le CIRST ? Plus généralement : quels sont tes intérêts de recherche ?

Ce projet s’est avéré la continuité d’un autre dans lequel notre équipe de la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante* avait observé les liens entre les revues en libre accès, leur pays de publication, ainsi que leur statut (doré/diamant). Toutefois, avec l’émergence de la nouvelle base de données ouverte OpenAlex, nous avons plutôt décidé d’étudier la couverture des revues en libre accès par les principales bases de données utilisées en bibliométrie et en évaluation de la recherche (Web of Science, Scopus et maintenant OpenAlex). Le projet de recherche financé est finalement devenu mon premier article de thèse.

Comment as-tu pris connaissance de la bourse du CIRST ?

Mon ami et collaborateur de longue date, Philippe Mongeon, venait tout juste de décrocher un poste de professeur à l’Université Dalhousie. Après une séance de travail sur Zoom, il m’a demandé si j’étais intéressé à venir faire un séjour de recherche dans son laboratoire (QSS Lab). Il m’a alors parlé du programme de bourses de mobilité étudiante hors Québec du CIRST. Après en avoir parlé à mon superviseur Vincent Larivière, qui m’a généreusement offert de contribuer au séjour avec une contrepartie financière équivalente au montant de la bourse du CIRST, toutes les pièces étaient en place pour faire le voyage.

Quelles activités as-tu faites durant ton séjour ?

J’ai principalement travaillé sur la collecte et le nettoyage de données ainsi qu’à la rédaction d’un article scientifique pour le projet précédemment mentionné. J’ai également eu l’occasion de présenter mes travaux dans le cadre des « QSS Talks », des conférences organisées pour mettre en valeur les projets de recherche des membres du laboratoire et des invités qui y séjournent. Nous avons également terminé la rédaction d’un article de conférence qui a été accepté et présenté en 2023 à la 27e International Conference on Science, Technology and Innovation Indicators (STI) à Leiden, aux Pays-Bas. Les soutiens financiers reçus par le CIRST ainsi que par mon directeur de recherche ont presque entièrement couvert mes dépenses, me permettant ainsi de limiter mes heures de travail pour me concentrer sur le projet de recherche.

Tu mentionnes plusieurs occasions de réseautage, de différentes envergures : as-tu pu établir des collaborations ou y des contacts professionnels ?

En participant à de nombreux événements organisés par le département (colloques, conférences, cérémonies de graduation, défenses de thèse, etc.), j’ai rencontré une multitude de professeurs en plus des collègues immédiats du laboratoire, ainsi que des chercheurs postdoctoraux et des étudiants provenant d’autres laboratoires et départements, dont certains sont devenus des amis et de potentiels collaborateurs.

Tu as vécu donc vécu une expérience scientifique, mais aussi culturelle. Est-ce que quelque chose a changé, dans ta perception des STS, voire de la recherche en général ?

Je crois que de me retrouver dans un environnement différent après avoir travaillé aussi longtemps dans un laboratoire avec les mêmes personnes m’a vraiment permis de comprendre qu’il existe différentes façons, pour un groupe de recherche, de fonctionner. Chaque département et chaque laboratoire de recherche ont leur propre culture, leurs habitudes et leurs préférences. Étant donné que le milieu académique implique souvent une certaine mobilité (nouveau poste, séjour de recherche, etc.), je crois qu’il était important que je sorte de ma zone de confort.

Nous voilà plusieurs mois après ton séjour, comment décrirais-tu son impact sur ton parcours personnel et professionnel ?

Quand je suis parti pour Halifax, mon projet de recherche doctoral était toujours un peu flou dans ma tête. J’avais une idée générale et beaucoup d’idée précises, mais l’ensemble du projet était trop ambitieux et manquait de précision. Comme je l’ai mentionné précédemment, le projet de recherche sur lequel j’ai travaillé a beaucoup évolué, même au fil de mon séjour (et après) et il s’est naturellement greffé à mon projet doctoral. Initialement, je m’intéressais uniquement au respect des politiques de science ouverte par les chercheurs et les chercheuses. Or, en ciblant plus précisément les politiques de libre accès, on a pu directement faire le lien avec les problèmes de couverture des bases de données et leurs effets potentiels sur l’évaluation des politiques de libre accès et la prise de décision.

Dans tout ce processus, quelles difficultés as-tu rencontrées ?

Même après autant d’années dans le milieu universitaire, il s’agissait vraiment de ma première expérience de voyage académique de longue durée. Les gens à Dalhousie ont été extraordinaires, cependant, ils avaient toutes et tous des responsabilités et des vies en dehors de l’université, alors que je me retrouvais dans cette nouvelle ville avec pour unique but de travailler. C’est agréable, les premiers temps, de faire du tourisme et de sortir avec les collègues, mais un voyage plus long, comme celui-ci, implique de se créer une nouvelle routine et de passer beaucoup de temps seul. Les premières semaines, j’aimais bien en profiter pour m’avancer dans mon travail, mais après un certain temps, j’ai dû m’adapter et me trouver des loisirs. J’aurais par exemple vraiment aimé avoir accès à un vélo pour me déplacer plus facilement dans la ville. Si j’avais à refaire l’expérience, je consacrerais définitivement plus de temps à planifier des loisirs et des activités en dehors du travail.

As-tu une petite anecdote à partager avec nous ?

Quelques mois avant mon départ, j’ai rencontré une chercheuse postdoctorale allemande lors d’une conférence. Elle venait tout juste de terminer un séjour dans le QSS Lab. Nous sommes immédiatement devenus de très bons amis. Notre rencontre et nos discussions sur la ville ainsi que sur le laboratoire ont vraiment cimenté ma décision d’appliquer sur la bourse du CIRST.

Finalement, quelles sont les prochaines étapes de ton parcours ?

J’aimerais terminer mon doctorat au cours de la prochaine année. Pour l’instant, le plan serait ensuite de compléter un stage postdoctoral dans le cadre du projet ROARA (Repercussions of Open Access on Research Assessment) qui a été annoncé il y a quelques mois par la Fondation Volkswagen. Le projet est une collaboration Canada-Allemagne par l’entremise de trois institutions (Université d’Ottawa, Université de Kiel, et Université Bielefeld). Toutefois, si l’opportunité d’obtenir un poste de professeur se présente, je ne la laisserai certainement pas passer !
En outre, je travaille actuellement pour le Conseil de recherche du Canada en sciences naturelles et en génie (CRSNG), plus précisément sur la révision de la Politique de libre accès des trois organismes subventionnaires fédéraux. Celle-ci devrait être disponible d’ici la fin de l’année 2025. Peu importe ce qui arrive du point de vue de la recherche et de mes études, j’aimerais mener ce projet à terme, en parallèle.


* la Chaire de recherche du Canada sur les transformations de la communication savante a fait depuis place à la Chaire UNESCO sur la science ouverte.

Merci à Marc-André Simard pour son temps et les photographies.

Ce séjour en Nouvelle-Écosse a été réalisé dans le cadre du programme de bourse de mobilité hors Québec du CIRST.

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