Aller au contenu

Colloque « Économies de la promesse 2021 » // disponible en ligne

Vidéo

Audio

Rappel de la mise en contexte

Les récents développements scientifiques en apprentissage profond et la recrudescence de l’intérêt pour l’intelligence artificielle (IA) et ses applications dans une foule de domaines (médecine, industrie, automobile, etc.) ont généré le lot de discours laudateurs attendus à chaque avancée technologique. Un emballement similaire avait pu être constaté lors des avancées en nanotechnologies ou en génomique. Or les énoncés dont sont composés ces discours ont le pouvoir de présenter comme inéluctables des réalisations qui pourraient ne pas se concrétiser. Cela est d’autant plus vrai lorsque la technologie est érigée en facteur de libération, comme un moyen de révolutionner la vie humaine et sociale.

La prévision, la projection et l’anticipation font partie de la recherche scientifique et de l’innovation. Dans leur important article sur la sociologie des attentes publié en 2006, Borup, Brown et leurs collaborateurs l’ont d’ailleurs reconnu : « très peu de choses en matière d’innovation peuvent fonctionner indépendamment d’un ensemble très dynamique et varié de conceptions de l’avenir ». Ce travail de l’imagination encadre la recherche et l’innovation, stimule l’investissement et organise les champs scientifiques et technologiques à un moment précis de leur développement. Or toutes ces attentes et promesses sont soumises à une grande part d’incertitude quant à la possibilité que la recherche parvienne au point où la technologie pourra satisfaire les attentes placées en elle. Cela a mené plusieurs sociologues et chercheur·euse·s à parler, en référence au champ technologique, d’une « économie de la promesse » (Joly, 2010), de « technologies de l’espoir » (Leibing et Tournay, 2010), de « technoprophétie » (Chateauraynaud, 2005) ou d’une « technoscience prospective » (Brown, Rappert et Webster, 2000).

Ces expressions décrivent un phénomène de conjonction entre les discours prophétiques sur la science et la technologie et leur développement réel, dont les conséquences sont nombreuses. Du directeur, de la directrice de recherche qui cherche à convaincre une étudiante, un étudiant de travailler sous sa supervision aux gouvernements qui financent un laboratoire plutôt qu’un autre sur la base de sa capacité à innover, c’est l’ensemble du milieu de la recherche qui est mû par la promesse et les attentes. Cette dynamique a ses propres effets performatifs, qui façonnent les relations entre la science, la technologie et la société.

Cette reprise comprend aussi les sessions complémentaires du 6 octobre 2021 « La renouvelable énergie de la promesse », et la « Troisième rencontre » du 3 novembre 2021.