Projets de recherche
Résistances numériques : théorisation du concept et cartographie des pratiques
Description
Ce projet vise à recenser, analyser et théoriser les discours et pratiques dites de « résistance numérique ». La notion de résistance numérique, et le terme de résistance plus largement, sont aujourd’hui régulièrement mobilisés dans les analyses et les discours à propos des technologies et infrastructures numériques. Toutefois, cette notion revêt plusieurs significations et renvoie souvent à des répertoires de pratiques distincts. Or la notion de « résistance numérique » reste la plupart du temps évoquée sans théorisation précise ou unifiée, au contraire de la résistance en général (sans référence au contexte numérique) qui bénéficie, elle, d’une riche littérature en sciences sociales. Ancré dans une approche théorique se voulant « sociotechnique », l’objectif général de ce projet est de proposer une théorisation du concept de résistance numérique et de recenser, analyser puis faire connaître certaines des pratiques associées à ce concept et visant spécifiquement à contester, subvertir, refuser ou transformer les infrastructures et plateformes numériques dominantes et ce, dans un horizon politique d’émancipation sociale.
Sur le plan théorique, la recherche se situe à la croisée des études en communication médiatique, du champ « science, technologie et société » (STS) et du champ émergent des « études sur la résistance » (resistance studies) auxquels il cherchera à contribuer en adoptant une perspective sociotechnique de la résistance numérique. Les travaux s’inscrivant dans cette approche ont mis en évidence la manière dont les artefacts et infrastructures technologiques sont des vecteurs de pouvoir et d’autorité, tout en prenant en considération les possibilités de les remodeler ou de les « reconfigurer ». Les resistance studies ont pour leur part comme objectif de théoriser la notion de résistance en étudiant ses différentes manifestations, tant celles de nature structurelle, publique, et ancrées dans une organisation collective, que celles plus ordinaires, individuelles et « quotidiennes » (everyday resistance). Notre méthodologie mobilise l’analyse documentaire d’écrits journalistiques, militants, et savants à propos de la « résistance » en contexte numérique, ainsi qu’une série d’entrevues semi-dirigées pour approfondir certaines des pratiques nous apparaissant plus significatives. Cette démarche permettra à la fois de restituer la diversité des significations attribuées à la notion de résistance en contexte numérique, et de nous attarder à certaines pratiques dont l’analyse pourrait conduire à la production de connaissances nouvelles et porteuses de progrès social. La méthodologie comprendra aussi la réalisation d’une cartographie visuelle des résistances numériques dont certains aspects pourront être publiés et puis enrichis de manière participative après la fin du projet et ce, dans un visée de recherche collaborative et de mobilisation des connaissances. Notre projet vise donc à contribuer à la sociologie politique des médias et technologies numériques en proposant une étude plus systématique, tant sur les plans conceptuel qu’empirique, des différentes formes de résistance numérique. Par ailleurs, l’une des originalités du projet est de reposer sur l’apport d’un comité aviseur pour alimenter nos réflexions et en retour favoriser la mobilisation des connaissances. Finalement, les dispositifs cartographiques que nous réaliserons permettront au public - et en particulier celui des organisations de la société civile intéressées par ces questions - de mieux connaître les différentes pratiques et initiatives de résistance numérique et de favoriser la mise en réseau de certaines d’entre elles.
Financement
Savoir
CRSH
2025-04 - 2028-03