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La téléologie naturelle au 18e siècle, 2020-2026

Description

Le projet de recherche vise à étudier la constitution et les usages de la téléologie naturelle au 18e siècle, principalement de sa première définition par Wolff dans les années 1720 jusqu'à la Critique de la faculté de juger de Kant en 1790. La téléologie naturelle comprend à l'époque un ensemble de doctrines et de positions dans lesquelles on se sert des causes finales pour rendre compte de vérités métaphysiques, théologiques ou de principes méthodologiques. Supposer que la main est formée pour qu'on puisse manipuler des choses ou que certaines lois de la nature sont voulues par Dieu selon une finalité du meilleur, il s'agit là d'assertions employées pour défendre des théories métaphysiques ou des outils méthodologiques. La téléologie a aussi été au fondement de preuves de l'existence de Dieu au sein de ce qu'on appelle à l'époque la physico-théologie et qui s'apparente aux arguments actuels du dessein intelligent.

Le projet portera sur quatre aspects principaux :

1) Il s'agira d'abord de rendre compte de l'origine de la téléologie comme discipline philosophique distincte. Même si les causes finales sont discutées depuis l'Antiquité, la forme qu'elle possède encore aujourd'hui prend son origine des philosophies des Lumières. L'examen des philosophies de Leibniz et de Wolff sera central pour comprendre le développement des théories téléologiques, étant donné leur importance au 18e siècle. Il faudra aussi prendre en considération les nombreuses critiques adressées à cette discipline, dont celles de Hume, de Diderot et de Kant sont les plus connues.

2) À partir de cette caractérisation, on étudiera une première conception de la téléologie comprise comme science générale des causes finales. Cette conception est liée de près à des principes métaphysiques, tels que sont les principes de raison suffisante, du meilleur ou de l'harmonie qui prennent leur source encore une fois des pensées leibnizienne et wolffienne, mais aussi de la physico-théologie. Les positions de Du Châtelet et de Maupertuis sont les plus notables à cet égard, malgré des désaccords importants avec celles de Leibniz et Wolff, puisqu'il s'agit d'employer la téléologie pour examiner les premiers principes métaphysiques de la nature.

3) Une deuxième conception de la téléologie sera également étudiée, qui la définit comme science ou domaine d'explication de phénomènes spécifiques. La téléologie particulière se donne comme objectif d'expliquer des lois ou des processus singuliers, en particulier en physique et dans les sciences du vivant. Les doctrines de Reimarus et de Bonnet, mais aussi de Kant peuvent être interprétées de cette manière, notamment en raison de leur insistance sur les phénomènes biologiques.

4) Finalement, le projet se veut une contribution à la contextualisation de la téléologie kantienne. Même si de nombreux travaux portent sur cet aspect chez Kant, il reste plusieurs sources théoriques et historiques à mettre en lumière pour mieux comprendre la manière dont Kant met en rapport mécanisme et téléologie.

De manière plus générale, les travaux résultant de ce projet auront pour objectifs d'étudier un aspect de la philosophie des Lumières qui reste encore aujourd'hui mal documenté, qu'il s'agisse de l'influence de Leibniz et Wolff ou de l'évolution de la physico-théologie. Considéré trop souvent comme un siècle qui rejette la métaphysique et le finalisme, le projet montrera au contraire que les causes finales accompagnent le mouvement des Lumières et qu'elles jouent un rôle central dans plusieurs théories. Il établira par ailleurs la diversité des usages de la téléologie que les philosophes des Lumières ont proposés, qu'il se soit agi d'enrichir la méthode de découverte des vérités scientifiques ou de mieux arrimer la physique et la théologie.

Financement

Savoir

CRSH

2020-04-01 - 2026-03-31

Axe associé

Responsable