Projets de recherche
La santé menstruelle entre politisation et médicalisation
Description
Cette recherche veut renouveler l’analyse des controverses sur la medicalisation des symptômes menstruels à la lumiere des revendications d’une nouvelle generation de feministes en mettant en perspective ces discours avec ceux moins etudiés des professionnel·le·s de la santé et de la recherche biomédicale qui interviennent dans l’espace public et diffuse une expertise par des publications visant le grand public.
Le projet se construit theoriquement autour de deux axes de recherche principaux : 1) comprendre ce que représente la « santé menstruelle » : c’est-à-dire, d’une part, la compréhension medicale et profane de ces experiences d’atteinte à sa santé menstruelle, et d’autre part, les actions entreprises pour les soigner par les personnes qui en souffrent ; 2) situer ces représentations et ces revendications dans les débats feministes et médicaux sur la santé des femmes. Cette recherche mobilise pour répondre à ces questions les études socio-historiques des sciences et de la santé, c’est-à-dire la litterature interrogeant le contexte social de production des pratiques et des discours dans le champ de la santé et des sciences biomédicales.
La recherche comprend un terrain documentaire fait d’analyse d’écrits et un terrain empirique d’entretiens qualitatifs individuels et collectifs. Elle cartographie les ecrits et les discours scientifiques médiatisés par des publications à destination du grand public et les discours politiques sur les rapports entre hormones, genre et santé menstruelle. En adoptant une perspective feministe sur la construction des savoirs et l’élaboration diagnostique des ‘problèmes’ de santé des femmes, cette méthode empirique permet de mieux comprendre l’articulation entre cette construction des savoirs, les pratiques de santé, et les experiences des femmes concernees. L’analyse des discours experientiels et professionnels à l’aune des critiques feministes des syndromes (pré)menstruels éclaire le rôle que joue aujourd’hui la santé, ses savoirs et ses professionnel·le·s, dans la reproduction de categories sexuées et dans l’experience sociale et subjective des normes de genre, comme elle met en lumiere la construction sociale genrée de la santé.