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Critique et compte-rendu

Comment nommer le champ de recherche que nous fouillons depuis une bonne cinquantaine d’années et que Desrosières, Hacking, Porter, Brian et quelques autres ont structuré au fil de travaux aux dimensions à la fois philosophique, sociologique, historique, politique et statistique? Au début, il y avait simplement l’histoire de la statistique (ou des statistiques) ou l’histoire de la mesure, que l’on peut même faire remonter aux origines de la statistique; puis on a successivement ou parallèlement parlé de socio-histoire de la statistique qui, influencée par les thèses desrosiériennes, s’est mutée en socio-histoire de la quantification (l’équation quantification égale convention plus mesure est maintenant bien connue et même enseignée au risque de devenir une formule appliquée sans recul critique) ou en socio-politique de la quantification. Le livre de Lanata-Briones, Estefane et Daniel ose même l’expression histoires socio-politiques de la statistique. C’est donc un triple regard sur les statistiques qui est proposé dans Socio-political Histories of Latin American Statistics: historique, sociologique et politologique. Bien sûr, mais ce ne sera pas le propos de ce compte-rendu, une telle ambition amène son lot de difficultés : par exemple, le point de vue comparatif que supposent les postures sociologique et politologique est-il possible quand on remonte loin dans le temps et que les archives alimentent inégalement les cas que l’on souhaite mettre en relation? [...]

Beaud, J.-P. (2023). « Cecilia T Lanata-Briones, Andrés Estefane, Claudia Jorgelina Daniel, Socio-political Histories of Latin American Statistics ». Statistique et Société, 11(2)