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La destinée de l’université passe par sa transformation en une agora de dialogue entre les savoirs

Description

Edito - Extrait

  Philosophe profondément attachée à la liberté de pensée, Hannah Arendt est également l’une des auteures contemporaines à avoir le plus réfléchi à la « crise » de la culture. Cette « crise » nous oblige, selon elle, à distinguer l’actualité de l’évènement. La première s’inscrit dans une historicité continue et causale. Le passé est relié avec le présent, le présent avec son passé. Rien ne bouge. La temporalité s’écoule, une étape à la fois. Le second marque au contraire une rupture : il révèle une irrégularité exemplaire et donne donc à penser la nouveauté qu’il a en germe. Si l’on jette un regard attentif sur l’actualité de 2020, l’université est abordée sous les angles habituels de l’équité ou de la privatisation. Puis vint la COVID-19. Il est désormais question de la fermeture de ses portes, de l’annulation des cours et de la reconnaissance des crédits, des pertes financières, des réticences face à l’enseignement à distance, de la possibilité d’une formule hybride, de la santé mentale des étudiants. es, chargés de cours et professeurs.es, puis de la fin des illusions avec l’arrivée de la deuxième vague, qui contraint une nouvelle fois les universités à fermer physiquement leurs portes. Elles sont appelées, si ce n’est exhortées, par le ministre Roberge, à s’adapter rapidement à cette conjoncture inédite. Fin octobre, l’Université est de nouveau au centre du débat public autour de la « polémique sur le mot en N****». Après Concordia, c’est au tour de l’Université d’Ottawa d’en être le théâtre. La réaction de l’opinion publique est à la mesure de la réplique étudiante et institutionnelle : brutale, lapidaire et polarisante. Pourtant, la question de la liberté d’expression à l’université n’est pas nouvelle. Elle suit d’ailleurs l’esprit du temps et s’inscrit dans une ligne temporelle qui a sa propre logique : retrait de pièces de théâtre, déboulement de statues, mise à pied de professeures… [...]

Référence

Bégin-Caouette, O., Nakano Koga, S. et Pelletier, L. (2020). La destinée de l’université passe par sa transformation en une agora de dialogue entre les savoirs. Revue Possibles, 44(02), 59-68.

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S.M. Nakano Koga
L. Pelletier