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Automatisation des emplois : vers un futur équivoque en faveur du revenu de base universel ?

Description

L’incertitude liée à la récente pandémie de Covid-19 et les dernières prouesses de chat gpt ont ravivé certaines craintes vis-à‑vis de l’avenir du marché du travail, dans un contexte où les promesses de l’innovation technologique ne cessent de croître. En cause ? L’automatisation1 des emplois, rendue possible par les progrès de l’intelligence artificielle, qui serait en mesure de remplacer 47 % des emplois aux Étatsunis (Frey et Osborne, 2013) et plus de la moitié des emplois connus dans le monde d’ici à 2030 (Manyika et coll., 2017). Mais ces craintes ne sont pas nouvelles et l’on peut par exemple remonter à la fin du xvie siècle, lorsque William Lee, membre du Clergé, tenta d’obtenir un brevet pour son invention, la première machine à tricoter rudimentaire, qu’il présenta à la reine Elizabeth I. Seulement, par crainte de voir ses tricoteuses renvoyées, cette dernière refusa de le lui accorder (Kolbert, 2016). Dans le même temps, si le travail représente l’un des principaux vecteurs de production de la croissance économique, alors la fin prématurée de ce dernier représenterait une crise pour le capitalisme. En conséquence, l’automatisation annoncée des emplois semblerait bouleverser la conception normative de la société telle que nous la connaissons. On peut alors se demander si cette automatisation des emplois serait en phase de marquer la fin du travail pour l’humanité. Dans ce cadre, quelles en seraient les conséquences sur la société ? Assistera-t-on à l’avènement d’un chômage technologique de masse ? Comment appréhender ces potentiels bouleversements ?

Afin de pallier l’arrivée d’inégalités engendrées par une telle situation, un vieil outil semble refaire surface. Le revenu de base universel, que Philippe Van Parijs (2003) décrit comme « un revenu inconditionnel payé par un gouvernement, à un niveau uniforme et à intervalles réguliers, à chaque membre adulte de la société. L’allocation est versée et son niveau est fixe, que la personne soit riche ou pauvre, qu’elle vive seule ou avec d’autres, qu’elle soit disposée à travailler ou non ». Controversée, cette solution est de plus en plus exposée lorsque l’on évoque les risques liés à l’automatisation des emplois (voir Battistoni, 2017 ; Celentano, 2019 ; Perkins et coll., 2021). Les effets à long terme de l’innovation technologique sur le travail humain restent tout aussi débattus, au point qu’il est difficile de comprendre les changements socio-économiques qui en résultent. Il faut dès lors sortir de l’image binaire qui opposerait la fin du travail au plein emploi (Celentano, 2019). En outre, si chercheurs et futuristes prennent position quant aux bouleversements socio-économiques, politiques, ou éthiques qu’engendrerait l’automatisation, l’objectif de cette analyse sera de mieux comprendre ce phénomène en explorant les différentes positions adoptées par ces derniers et la place du revenu de base universel dans cette dynamique. Nous reviendrons d’abord sur les conséquences possibles de l’automatisation des emplois à travers différents scénarios. Nous verrons ensuite que le revenu de base universel, bien que parfois remis en cause, figure au premier plan des outils « nécessaires

Référence

Fatah, L. (2022). Automatisation des emplois : Vers un futur équivoque en faveur du revenu de base universel ? Revue française d'éthique appliquée, N° 13(2), 171-179.

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